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La Mort du Patriarche
1972
251 x 160 x 40 cm
peinture et objets divers sur panneau
Sprengel Museum, Hanovre, donation de l’artiste en 2000
© 2014 Niki Charitable Art Foundation, All rights reserved / Photo : Laurent Condominas

Niki de Saint Phalle

17/9/2014-2/2/2015
Grand Palais
Galeries Nationales
 
Cette exposition est organisée par la Réunion des musées na­tionaux - Grand Palais avec l’aimable participation de la Niki Charitable Art Foundation et co-organisée avec le Guggen­heim Museum de Bilbao. Elle bénéficie de prêts exceptionnels du Sprengel Museum de Hanovre et du Mamac de Nice, qui ont reçu d’importantes donations de l’artiste.
Elle sera présentée au musée Guggenheim de Bilbao du 27 février au 7 juin 2015.

Posted 23 December 2014

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Niki de Saint Phalle (1930-2002) est l’une des artistes les plus populaires du milieu du XXe siècle mais paradoxalement la richesse et la complexité de son oeuvre restent à découvrir. Elle compte parmi les premières artistes femmes à acquérir de son vivant une reconnaissance internationale et à jouer de sa personnalité médiatique. Niki est d’ailleurs l’une des premières – au même moment que Warhol – à utiliser la presse et les media pour contrôler ou orienter la réception de son travail.
Autodidacte, Niki de Saint Phalle s’inspire de Gaudi, Dubuffet et Pollock pour mettre en place, dès la fin des années 50, un univers singulier, en dehors de toute tendance et mouvement. Son parcours biographique y est sublimé par la création de grands thèmes et de mythes qui articuleront ensuite toute son oeuvre. On en connaît le caractère joyeux et coloré, mais on en a oublié la violence, l’engagement et la radicalité. Qu’il s’agisse de l’audace de ses performances, du contenu politique et féministe de son travail ou de l’ambition de ses réalisations dans l’espace public.
Cette rétrospective, première grande exposition consacrée à Niki de Saint Phalle depuis vingt ans, présente toutes les facettes de l’artiste qui fut à la fois peintre, assemblagiste, sculpteure, graveuse, performeuse et cinéaste expérimentale, et renouvelle profondément le regard posé sur son travail. Plus de 200 oeuvres et archives, dont beaucoup sont inédites, émaillent un parcours de 2000 m• à la fois chronologique et thématique, ponctués d’écrans montrant l’artiste commentant son travail. Des maquettes de projets architecturaux et une sculpture-fontaine (L‘Arbre Serpents Fontaine) devant l’entrée du Grand Palais, permettront d’évoquer l’ampleur et la diversité de son oeuvre publique. 

Night Experiment
vers 1959
131 x 195 cm
peinture, plâtre et objets divers sur contreplaqué
Sprengel Museum, Hanovre, donation de l’artiste en 2000
© 2014 Niki Charitable Art Foundation, All rights reserved / Photo : Laurent Condominas

Une artiste franco-américaine

Niki de Saint Phalle en train de viser
1972
photographie en noir et blanc rehaussée de cou­leur extraite du film Daddy.
© Peter Whitehead

Née en France où elle passera une grande partie de sa vie mais élevée aux États-Unis et choisissant d’y passer la fin de sa carrière, elle ne cessera de voyager entre ses deux pays d’origine et d’en réconcilier les tendances artistiques. Connue comme la seule artiste femme du Nouveau Réalisme en France, on a oublié que c’était aussi une artiste américaine - dont les oeuvres sont à replacer dans une histoire des Combine Paintings Néo Dada - au côté de Jasper Johns et Robert Rauschenberg, mais aussi à l’origine du Pop Art dont son approche renouvelle la lecture. Le multiculturalisme - les références à l’art des natifs d’Amérique et à la civilisation mexicaine, la question raciale et la critique de la politique de Georges Bush sont autant de sujets américains qui caractérisent ses dernières oeuvres.
La première artiste féministe

Articuler une vie de femme avec une vie d’artiste, renouveler la représentation du corps féminin et de l’érotisme, réinterpréter les grandes figures mythiques, interroger le rôle de la femme dans la société et en proposer un autre 

Niki de Saint Phalle

sont autant de thèmes contenus dans son travail dès la fin des années 50 et qui seront récurrents jusqu’à la fin de sa vie. Fille, épouse, mère, guerrière, sorcière et déesse, pour n’en citer que quelques-unes, sont autant de facettes ou d’interprétations possibles des fameuses « Nanas » qui sont autant d’autoportraits, à la fois réels et fantasmés, de l’artiste et de la femme contemporaine. De fait, les séries successives des Mariées, Accouchements, Déesses puis après les Nanas, des Mères dévorantes, recréent une véritable mythologie féminine. S’y ajoutent les performances, les textes et les déclarations de l’artiste, le contenu des longs métrages : autant de preuves pour réhabiliter Niki de Saint Phalle comme la première grande artiste féministe du XXe siècle. 

Dolorès
1966-1995
h.550 cm
polyester peint sur grillage
Sprengel Museum, Hanovre, donation de l’artiste en 2000
© 2014 Niki Charitable Art Foundation, All rights reserved

Une artiste engagée

Le féminisme n’est qu’un élément de sa lutte précoce et constante contre les conventions et les carcans de la pensée. Chacune de ses oeuvres comporte plusieurs niveaux de lecture et d’interprétation dont on a souvent omis le caractère politique au profit d’une lecture décorative et superficielle de son travail. Aller au-delà, c’est reconnaître par exemple aux « Tirs » toute leur puissance subversive. Ces performances, où des tableaux étaient détruits à la carabine par l’artiste ou le public invité, furent à la fois fondatrices dans l’histoire du happening et particulièrement scandaleuses car orchestrées par une femme. Dirigés contre une vision de l’art, une idée de la religion, une société patriarcale, une situation politique où guerre froide et guerre d’Algérie s’entremêlent, un pays – les États-Unis – où le port d’arme est légalisé, les Tirs sont à l’image de son oeuvre ultérieure, qui se nourrit presque toujours de questionnements sociétaux. Niki de Saint Phalle fut l’une des premières artistes à aborder la question raciale et à défendre les droits civiques puis un multiculturalisme américain ; une des premières aussi à utiliser l’art pour sensibiliser le grand public aux ravages du sida 

A l’avant-garde d’un art public

Saint Sébastien (Portrait of My Lover / Por­trait of My Beloved / Martyr nécessaire)
début 1961
100 x 74 x 15 cm
peinture, bois et objets divers sur bois
Sprengel Museum, Hanovre, donation de l’ar­tiste en 2000
© 2014 Niki Charitable Art Foundation, All rights reserved / Photo : Laurent Condominas

Première femme à s’imposer dans l’espace public à l’échelle mondiale, Niki de Saint Phalle a eu le souci très tôt de s’adresser à tous, bien au-delà du seul public des musées. Le choix d’un art public est à voir comme un choix politique ; il est précoce puisqu’elle en fait une direction essentielle de ses recherches dès le milieu des années 60. Projets architecturaux et sculptures monumentales se suivent ensuite tout au long de sa carrière : fontaines, parcs pour enfants, jardins ésotériques et maisons habitables sont parmi ses plus importantes réalisations. Central et majestueux, le Jardin des Tarots est son oeuvre majeure, qu’elle a entièrement financé elle-même, en partie grâce au développement d’éditions ; un parfum, du mobilier, des bijoux, des estampes, des livres d’artistes.
Dans le prolongement de l’exposition, la RMN-Grand Palais et le CENTQUATRE-PARIS présentent la Cabeza du 17 septembre 2014 au 1er février 2015.

“  Je n’accepterais pas les limites que ma mère tentait d’imposer à ma vie
parce que j’étais une femme.
NON. Je franchirais les limites pour atteindre le monde des hommes
qui me semblait aventureux, mystérieux, excitant.
Ma nature optimiste m’y aida
Le défi d’exposer une heroine
 ”

Introduction du catalogue

En refermant il y a un an la remarquable biographie consacrée à Niki de Saint Phalle par Catherine Francblin, je me suis sentie envahie par les mêmes émotions contradictoires qu’en 2008, un an avant l’ouverture de « elles@centre­pompidou », première présentation des artistes femmes des collections du Musée national d’art moderne à Paris. L’inquiétude devant l’ampleur de la tâche et face au risque pris à montrer autrement ces artistes, pour certaines peu vues, était aussi grande que l’enthousiasme d’exposer pour la première fois ensemble ces oeuvres fortes d’où allait se dégager, je l’espérais, une nouvelle lecture de l’histoire de l’art. Transposer la richesse d’une biographie de quatre cents pages ou résumer l’histoire de l’art des femmes du XXe siècle en quelques salles, c’était un même défi : l’exer­cice se résume à un ensemble de choix à faire et à assumer. Certains sont plus faciles que d’autres et celui de mon­trer les trois chefs-d’oeuvre de Saint Phalle à l’entrée de « elles@centrepompidou » apparut immédiatement comme une évidence. La Mariée et la Crucifixion d’un côté, le Tir de l’autre, ont donc accueilli les deux millions et demi de personnes qui ont visité cette version féminine des collections permanentes pendant deux ans. Reproduites dans les magazines et les quotidiens, ces oeuvres ont porté, plus que d’autres parce qu’elles y étaient littéralement « au front », le succès de l’entreprise. En elles s’écrivaient la franchise, la radicalité et la complexité d’une « autre » histoire, celle des artistes femmes du XXe siècle.
C’est en présentant Niki de Saint Phalle comme telle – le flambeau de cette redécouverte de l’histoire des artistes femmes, le ton transmis à l’ensemble, le rythme donné – que je fis la connaissance de Bloum Cardenas, sa petite-fille et l’une des trustees de la Niki Charitable Foundation. Historienne érudite et passionnée du travail de l’artiste, Bloum m’ouvrit la porte de la « famille » de Niki – ses plus proches collaborateurs et dépositaires de la mémoire de son travail –, la piste d’oeuvres inconnues, de collectionneurs publics ou privés généreux, celle des archives et de leurs docu­ments inédits. Les écrits de Saint Phalle furent une source inépuisable de découvertes, notamment cette déclaration enflammée et récurrente : « Je décidai de devenir une héroïne. » Bloum me donna enfin l’envie puis la possibilité de réaliser une nouvelle rétrospective, vingt ans après celle du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, dans les beaux espaces du Grand Palais où je fus accueillie chaleureusement par une équipe dédiée.
Je ne peux donc introduire ce projet sans commencer par remercier ceux qui sont, après l’artiste, ses premiers protagonistes. D’un côté les autres trustees de la fondation, Marcelo Zitelli et Dave Stevenson, ainsi que Jana She­nefield et Erica Holm aux archives ; de l’autre l’équipe de la RMN – Grand Palais présidée par Jean-Paul Cluzel, où Valérie Vesque-Jeancart, Laurent Salomé, Marion Mangon, Philippe Platel, Christelle Terrier, Henri Bovet et Sophie Zagradsky ont été mes principaux interlocuteurs, ainsi qu’à mes côtés la patiente et exigeante Lucia Pesapane. Enfin, les grands prêteurs car heureux dépositaires des donations de l’artiste (le musée de Hanovre, son ancien directeur Uli Krempel et son nouveau directeur Reinhard Spieler, le musée d’Art moderne et contemporain de Nice, les musées Tinguely de Bâle et de Fribourg) doivent être salués, sans oublier le Centre Pompidou, qui nous prête les trois chefs-d’oeuvre cités plus haut.
Je souhaite que cette nouvelle rétrospective puisse être l’un des jalons, avec la biographie de Catherine Francblin, d’une redécouverte qui reste à faire, comme « elles@centrepompidou » n’était qu’une phrase dans un livre restant à écrire. Niki de Saint Phalle n’a pas été seulement l’une des premières artistes femmes, si ce n’est la première, à être reconnues à l’égale des hommes dans les années 1960. Il faut selon moi voir en elle l’un des grands artistes du siècle, et c’est cette démonstration que je voudrais simplement amorcer. 

Autoportrait
vers 1958-1959
141 x 141 x 10 cm
peinture et objets divers sur bois
Sprengel Museum, Hanovre, Hanovre (dépôt)
Owner Niki charitable Art Foundation, Santee, USA
© 2014 Niki Charitable Art Foundation, All rights reserved / Photo Laurent Condominas

Niki de Saint Phalle

Un parcours thématique et initiatique
Souriante toute sa vie donc, alors même qu’elle en révèle à la toute fin un événement d’une violence insupportable… Malade toute sa vie aussi, alors qu’en arborant ce look parfait, vintage avant l’heure, toujours photogénique, elle cache à la plupart et jusqu’à la fin ses souffrances… Donnant généreusement la majorité de son oeuvre aux musées, alors qu’elle lutte pour financer la plupart de ses oeuvres monumentales à force d’éditions et de rééditions. Il m’a fallu recon­naître l’importance de cette part « sombre » de son travail, ainsi que des oeuvres restées tout simplement « dans l’ombre » des lumineuses Nanas. Si bien que je devais montrer de la violence là où l’on avait vu simplement de la joie, et plus largement prétendre redécouvrir une artiste que tout le monde pensait connaître.
J’ai choisi de relever ce pari difficile au rythme de mes propres surprises, gardant la fraîcheur de ce qui m’avait moi-même étonnée, parfois bouleversée, souvent ébranlée dans mes certitudes. Aussi ai-je structuré l’exposition, et le catalogue qui en est l’écho direct, au fur et à mesure de ces rencontres visuelles et de ces découvertes personnelles que Niki m’avait invitée à faire.
Les tableaux-assemblages de la fin des années 1950, découverts au musée de Hanovre car à peine vus depuis leur donation, furent un choc. L’écho de Dubuffet se mêle à celui de Pollock, les combine paintings néo-Dada au collage surréaliste et à la peinture primitive, le thème de la violence à celui du jeu. S’élabore aussi déjà la relecture des grands mythes féminins. Nul doute, à regarder ces grands formats où le dripping à la Pollock s’associe au collage d’objets sur la toile, que Saint Phalle a sa place dans l’histoire de l’art américain.
La précocité, ensuite, de son exploration de ce qu’elle appelle les « rôles de femmes », m’a frappée… où ce qui ne porte pas encore le nom de « féminisme » fait exploser aussi bien la forme et le contenu des représentations du corps féminin au XXe siècle. Mariées, prostituées, accouchées, sorcières vont d’un coup devenir des Nanas enceintes, divinités créa­trices et joyeuses, dont le corps s’ouvrira ensuite généreusement en Nanas-maisons. J’ai tenu à souligner l’explosion à la fois créative et combative des Nanas – leurs bras levés, jambes tendues, nudité décomplexée, leurs couleurs de peau « au poing », leurs revendications féministes et anti-discriminatoires devaient être enfin entendues –, mais tenu à rappeler aussi qu’elles ont été l’étendard de la cause des droits civiques, qui lui fera si souvent rapprocher, dans ses déclarations, le terme « Black Power » de celui de « Nana Power ».
La face sombre de son exploration de l’iconographie de la femme fut une autre grande surprise. Les Mères dévorantes s’élaborent au même moment que le scénario de son premier long métrage Daddy, dont elles sont comme des scènes d’un « making off » invisible, tirées du livre d’artiste du même nom. Des sculptures d’un côté, un film de l’autre, montrent une autre version de la femme : mère abusive, épouse violente, femme dominatrice, fille à la fois séductrice et victime, violée et incestueuse. Saint Phalle s’interdit la simplification. La violence est certainement le thème récurrent de cet oeuvre, et le plus inattendu peut-être pour le grand public.
Les Tirs en explorent le principe et en déclinent les contenus : il s’agit d’une violence à la fois plastique, sociale, politique et féministe. Cette série complexe dont j’ai voulu mettre en valeur la richesse est à replacer aux tout débuts de l’histoire de la performance, et comme des chefs-d’oeuvre de cette technique propre à la seconde moitié du XXe siècle.
Il me fallait terminer par l’audace, et l’ambition de ses oeuvres publiques, où l’investissement de l’architecture se fait au niveau du privé comme à l’échelle de la ville. C’était reconnaître que Saint Phalle y avait passé les deux tiers de sa vie, mis l’intégralité de ses économies, perdu la santé sans doute et sacrifié sa vie de famille. Dans l’ambition « publique », j’inclus ses engagements politiques et sociétaux : sa dénonciation précoce des dangers du sida, son souci d’intégrer le multiculturalisme propre au sud de la Californie – culture hispanique, amérindienne, mexicaine.
Entre féminin et masculin, France et Amérique, artiste-star et outsider, j’ai souhaité souligner le long travail de réconci­liation qui a été celui de sa vie. Réconcilier, tempérer, soigner, étaient les missions qu’elles avait assignées à l’art, pour elle, et pour les autres… pour renaître, enfin. Car Niki croyait assez à l’art pour y voir, si ce n’est l’expérimentation d’une renaissance, du moins un parcours initiatique où chacun devait trouver son destin. Ce que je souhaite, de tout coeur, au public de cette exposition et aux lecteurs de ce catalogue.
Camille Morineau, commissaire de l’exposition

ouverture : tous les jours sauf le mar­di de 10h à 22h. Fermeture à 20h les dimanches et lundis
tarifs : 13 €, 9 € TR (16-25 ans, de­mandeurs d’emploi, famille nom­breuse). Gratuit pour les moins de 16 ans, bénéficiaires du RSA et du mini­mum vieillesse.
accès : métro ligne 1 et 13 « Champs-Elysées-Clemenceau » ou ligne 9 « Franklin D.Roosevelt ».
informations et réservations : www.grandpalais.fr
#Nikidesaintphalle
publications aux éditions de la Réunion des musées nationaux - Grand Palais, Paris 2014 :
- catalogue de l’exposition, 24,5 x 29 cm, 368 p., relié, 390 ill., 50 €
- album de l’exposition : Nanas, mères, déesses les femmes de Niki de Saint Phalle, Camille Morineau, 21 x 26,5 cm, 48 p., broché, 40 ill., 10 €
- Niki de Saint Phalle, l’expo, 14,5 x 19,6 cm, 352 p., 220 ill., broché, 12 €
- Le Petit dictionnaire Niki de Saint Phalle en 49 symboles, Lucia Pesapane: 12,3 x 16,7 cm, 128 p., broché, 60 ill., 12 €


GRAND PALAIS, GALERIES NATIONALES
3, avenue du Général Eisenhower
F-75008 Paris
+33 (0)1-44131717
http://www.grandpalais.fr

Cheval et la Mariée
1964
235 x 300 x 120 cm
tissu, jouets, objets divers, grillage
Sprengel Museum, Hanovre, donation de l’artiste en 2000
© BPK, Berlin, dist. Rmn-Grand Palais / Michael Herling / Aline Gwose

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